NOTRE NOUVEL APPARTEMENT

Publié le par David L'Epée

                                           

Après plusieurs jours de recherche dans le nébuleux marché de l’immobilier pékinois, nous avons enfin trouvé de quoi nous loger. Je vous écris maintenant depuis mon bureau, un peu frisquet mais très tranquille, alors que nous avons à peu près terminé notre déménagement.

 

Comme je vous l’ai déjà dit, trouver un logement à Pékin peut paraître à la fois très simple et très compliqué. Très simple parce qu’il suffit de faire trois pas pour tomber sur un mur tapissé de xiao zi baos, de petites annonces diverses et variées pour des appartements de tous prix et de toutes dimensions ; très compliqué parce que parmi cette multitude d’offres, très peu sont fiables, et plusieurs cachent des pièges qu’un étranger peut difficilement déceler tout seul.

 

 

Le marché de l’immobilier est certainement le secteur en Chine qui génère le plus de spéculations douteuses, et toujours aux dépens des habitants. A tel point qu’il y a quelques mois, le gouvernement s’est vu forcé de revenir à des mesures très protectionnistes pour protéger la population (j’ai déjà évoqué cette réforme dans un autre billet). Mais outre ces grands spéculateurs – qui sont les plus nuisibles – existe une multitude de petites mafias qui n’hésitent pas à vous appâter avec des offres qui n’existent que sur papier pour mieux vous refourguer des affaires beaucoup moins intéressantes, après vous avoir préalablement fait payer des frais d’agences astronomiques, de visite, des dépôts divers (qui n’ont de dépôt que le nom et ne seront jamais remboursés), des avances à n’en pas finir, des charges de dernière minute, des taxes pour étrangers, etc.

Nous avons été assez naïfs pour nous payer une visite à 300 yuens pour un appartement à 1200 yuens par mois qui était même, paraît-il, négociable à 1000. Mais évidemment, des prix si bas n’existent plus depuis longtemps dans la capitale, et nous l’avons compris au moment où notre agent nous a proprement semé dans les rues et où il a été impossible de contacter le supposé propriétaire dont on nous avait donné le numéro... Bien sûr, nous avons rappelé l’agence et promis de terribles représailles si nous n’étions pas remboursés immédiatement, mais cela n’a pas servi à grand chose.

 

 Ces petits bandits sont souvent des migrants de la campagne ou des anciens mingongs qui, ne trouvant pas de travail, tombent dans l’illégalité et se mettent à imaginer des stratagèmes tous plus rusés les uns que les autres pour extorquer de l’argent à leurs concitoyens. C’est très irritant de se faire avoir de la sorte, mais enfin, je suppose qu’il faut bien que tout le monde vive dans la situation difficile du Pékin d’aujourd’hui, et ces escrocs de petite envergure sont des enfants de choeur si on les compare aux gros poissons de l’immobilier, délinquants en col blanc, qui pillent le marché du logement et spéculent à qui mieux mieux sur le dos des Chinois les plus nécessiteux.

 

Nous avons enfin trouvé quelque chose d’honnête et à notre goût : un assez grand appartement deux pièces à 1700 yuens, dans un quartier populaire assez calme, pas trop loin de l’Université. De l’extérieur, la maison ne paie pas de mine, c’est un vieux locatif vétuste et poussiéreux, mais l’intérieur est beaucoup plus plaisant et bien tenu. Les toilettes sont microscopiques et l’eau chaude est rationnée, mais pour le reste, c’est très confortable. Le seul ennui, pour le moment, c’est qu’un froid polaire est tombé sur la ville, et que les chauffages ne seront pas enclenchés avant mi-novembre. En attendant, nous nous replions dans la chambre à coucher, avec écharpes et pulls de laine, et utilisons le diffuseur d’air conditionné pour répandre un peu d’air chaud dans la pièce.

 

Le quartier est typiquement chinois, très familial, avec ses marchés permanents dans les rues, ses entassements de fruits et légumes, de poissons, de crabes et de tortues vivants, de vendeurs de grillades, et ses brigades de retraités qui veillent tranquillement à la sécurité dans les rues.

 

En effet, en Chine, les retraités, qui n’ont décidemment jamais fini de travailler, s’occupent de la sécurité dans les milices de quartiers. Les milices de quartiers sont des groupes dépendants du Parti et constitués de citoyens de toutes catégories, hommes et femmes, qui, bénévolement pour la plupart (à l’exception des retraités) patrouillent dans les rues et assurent la cohésion sociale. On les reconnaît aux brassards rouges qu’ils portent en permanence. Ils font des rondes, surveillent les entrées des immeubles, règlent les querelles entre voisins, et autres petites tâches. Ce système, typiquement communiste, me semble très intéressant, car dans ces quartiers, contrairement au centre-ville, on ne voit jamais l’ombre d’un policier, et la sécurité est assurée sans qu’il soit nécessaire de recourir à un quelconque climat de contrainte. Ces citoyens, qui sont des travailleurs comme les autres, sont connus de tous leurs voisins et représentent un pouvoir de proximité ; à ce que j’ai pu voir, ils ne portent d’ailleurs pas d’armes et rien ne les distingue des autres à l’exception de leur brassard rouge.

 

Pour le moment, les gens du quartier me regardent avec beaucoup de curiosité, car je suis le seul étranger du coin, mais je pense qu’ils s’habitueront bientôt à voir mon visage pâle. Lorsque j’allais acheter des fruits hier soir, une ribambelle d’enfants s’est agglutinée derrière moi en pépiant et faisant moult commentaires qui m’ont pour la plupart échappé ; ils s’enfuyaient en pouffant de rire dès que je me retournais et revenaient aussitôt dès que j’avais à nouveau le dos tourné.

 

Nous sommes bien logés, donc, et l’endroit est beaucoup plus propices à l’étude que mon ancien 宿舍 (dortoir) où je devais subir les fêtes perpétuelle des Kazakhs et le bruit des embouteillages... Etudier, c’est d’ailleurs ce que j’ai projeté de faire exclusivement les jours à venir, car Yiqi est partie une semaine à voir sa mère qui habite à Dozhou et acheter une ou deux choses qu’il nous manque encore pour la maison. Mais la grande interruption de la semaine passé étant terminée, le blog continuera d’être mis à jour avec toute la régularité requise.

Publié dans mon quotidien

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