SUICIDES, EDUCATION SEXUELLE ET CUVETTES DE TOILETTES

Publié le par David L'Epée

Afin de vous faire profiter des petites et grandes nouvelles des médias chinois, j’ajoute à me revue de presse habituelle une revue de presse plus insolite, plus amusante, où je relève les informations étranges, les contradictions, les expressions douteuses, les perles rares trouvées çà et là dans les médias officiels, notamment le Quotidien du Peuple les dépêches de l’agence Xinhua.

Commençons avec deux articles parus cette semaine dans le Quotidien du Peuple.

Le numéro du 18 décembre consacre un article au problème du suicide en Chine. Il dresse le constat suivant :

  • « Comme il n'y a pas en Chine de loi ni de décret interdisant le suicide, il est possible que certains individus souffrant de maladies mentales ou de maladies incurables pendant de longues années considèrent le suicide comme un moyen permettant de se débarrasser définitivement de leurs souffrances. »  

On sait que depuis Confucius, les Chinois sont très légalistes, mais tout de même je me demande si l’interdiction du suicide, c’est-à-dire la menace de sanctions, serait une dissuasion suffisante pour enrayer le phénomène. Imaginez un policier accourir vers un pauvre homme désespérer s’apprêtant à se jeter du haut d’un pont et le prévenir : « Ce que vous vous apprêtez à faire est un acte illégal et réprouvé par la loi ; si vous mettez fin à vos jours, je serai dans l’obligation de vous arrêter et vous serez soumis à une amende de 6000 yuens. »...

Le Centre d’Intervention de la la Crise Psychologique de Beijing (CICPB) a retenu dix facteurs comportementaux pouvant annoncer un suicide et qui devraient être pour les proches autant de signaux d’alertes. Parmi ces facteurs, on retiendra par exemple :

  • « une forte réaction à la mort »

Pourtant, si la réaction à la mort est si forte, c’est que l’acte est consommé, non ? Et une faible réaction, qu’est-ce que ce serait ? Un suicide raté ? Si le sujet a une forte réaction à la mort, à tel point que le fait de se suicider entraîne chez lui un décès immédiat (vous vous rendez compte !), alors je doute que la prévention soit encore de mise. Heureusement, nous répondra le législateur chinois, il reste la répression...

Dans un domaine très différent, le Quotidien du Peuple nous parle le 19 décembre de l’apparition dans les écoles secondaires de Pékin de nouveaux manuels d’éducation sexuelle ayant pour objectif la prévention du sida. Le principe premier de cette éducation semble être l’abstinence.

  • « Par mesure de savoir-vivre, pour que les élèves aient le respect d'eux mêmes et sachent se protéger, les manuels leur conseillent d'éviter l'acte sexuel avant le mariage. »

Pourquoi pas, dirons-nous, ça se défend. L’ennui, c’est que cela fait des lustres que le Vatican préconise ces mêmes méthodes et qu’elles n’ont pas vraiment fait leurs preuves. Disons que niveau prévention, il manquerait comme quelque chose...

Mais rassurez-vous, le manuel n’hésite pas à prendre le taureau par les cornes :

  • « Par ailleurs, ne pas fumer ni boire et dire non au netlove sont tous des moyens efficaces pour prévenir le sida. »

Il y a là un tortueux chemin de pensée fait de causes et d’effets que je peine à saisir... Ou alors le sida serait un virus informatique comme un autre, mais ce n’est pas en tous cas ce qu’on m’a appris.

Pour finir, le 20 décembre, l’agence Xinhua nous annonce qu’à Xiamen s’est tenu un grand concours de dessins en couleurs sur cuvettes de toilettes, avec la présence de plus d’une centaine d’artistes.

Vous serez tout de même étonné sur la photo ci-dessous de voir où, dans ces contrées païennes, va se nicher l’esprit de Noël...

            

Publié dans insolite

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Trés etonnant de voir que les cuvettes de toilette étaient à l'honneur quand on sait qu'en chine, la plus part des cabinets sont à la turque !<br /> Par ailleurs, les citations que tu as faites au sujet des nouveaux manuels d'éducation sexuelle montre à quel point le retard accumulé par le chine en matière de prévention du virus du sida  est flagrant. Considerer que la cigarette et l'alcool sont des vecteurs capables d'acroitre la propagation du sida nous font revenir dans les années 80, ou l'on croyait que le sida n'était rien d'autre qu'un cancer.
Répondre