NOE EN PROIE A LA POLICE RUSSE ET AUX SKINHEADS LOCAUX…

Publié le par David L'Epée

résumé de l’épisode précédent : Après avoir quitté l’île paradisiaque d’Olkhon où il a séjourné un mois, Noé arrive à Vladivostok et est ramené aux dures réalités de la vie, d'autant que la ville, on va le voir, n'est pas très sûre pour les étrangers. Comment faire pour embarquer dans un bateau qui puisse le mener jusqu’au Japon ?

Salut à toute la compagnie.

Je vous écris actuellement depuis un campus d'étudiants des environs de Tokyo. Il y a ici de grandes salles équipées d'ordinateurs qui sont disponibles à tout un chacun. Autour de moi, toutes sortes d'étudiants affairés et, bien entendu, pas un seul étranger ici. Que des cheveux noirs a l'horizon. C'est donc, comme vous l'avez deviné, que j'ai réussi après maints périples à atteindre le Pays du Soleil Levant.  

A Vladivostok, je me suis rendu dans une compagnie navale qui vend des billets de bateau à destination du Japon. Apprenant que ceux-ci ne partent que tous les lundi, j'avais donc cinq jours devant moi pour trouver une alternative moins coûteuse. Je me suis donc rendu dans le port voisin de Narodka, spécialisée dans l'industrie lourde de matériaux d'exportation ou l'importation de voitures japonaises.

Voulant économiser un peu, j'ai fait de l'autostop et me suis retrouvé avec la légendaire Militsia russe (police) dans le dos. Ils m'ont fait rentrer malgré moi dans leur voiture et ont invoqué de fausse raisons concernant mon passeport pour me demander de payer une taxe qui, bien entendu, aurait finit dans leur poche. Ils me demandent d'abord 1000 roubles (environ 50CHF) et je dis que je ne les ai pas. Ils demandent à vérifier et je refuse. L'histoire est bien connue et j'étais au courant avant de quitter la Suisse. J'ai dû beaucoup insister et argumenter. Ils descendent le prix à 500 roubles. Je continue toujours de refuser, ne voulant pas me faire avoir. Ils me menacent de m'envoyer en prison si je n'obtempère pas mais je ne pense pas alors que ce soit possible. Je continue à faire ma forte tête. Comme des marchands arabes, ils descendent le prix à 300 roubles, ce que je continue de refuser. Mais sentant qu'il faut lâcher une cacahuète au singe pour qu'il vous foute la paix, je finis par leur donner la somme de 100 roubles en petite monnaie. Je peux finalement sortir de la voiture et, ne voulant pas revivre le même genre d'expériences, je poursuis le trajet en bus.  

J'espérais pouvoir plus facilement trouver un travail à Norodka, ce qui me permettrait de traverser gratuitement la Mer du Japon. Je me faisais une idée romantique de la situation, semblable au livres d'aventure où, me rendant dans le port, je pourrais converser avec les capitaines des bateaux et que l'un d'entre eux, rempli d'humanité et de compréhension, finirait par me prendre à son bord. Peut-être même qu'on m'aurait donné un beau costume de marin…  

Mais la réalité en fut tout autre. Sur les quais, de grandes enceintes encerclent le périmètre et empêchent les curieux de s'approcher. En haut des murs sont installes pics, grillages et fils de fer barbelés. Un peu plus loin, des postes de garde avec barrières et soldats armés. Les lieux portent souvent l'inscription "customs control zone". Il est évident qu'ils n'ont pas envie d'être approchés par de jeunes touristes dans leur activité industrielle. Ne pouvant contacter personne, j'ai donc opté pour la voie administrative et me suis rendu dans les gros bâtiments côtoyant la rive et ayant un caractère officiel. Bien entendu, la plupart du temps, je me trouvais au mauvais endroit. Les gens irrites (ils sont stressés, de mauvaise humeur et n'apprécient pas particulièrement les étrangers) m'ont renvoyé plus loin et j'ai appris que si je désirais pouvoir obtenir un poste, il me fallait passer par des agences de placement dont on peut s'informer dans n'importe quel journal local. J'ai donc acheté un journal spécialisé dans les offres d'emploi mais je n'ai rien pu lire. J'ai regardé les publicités où on voyait une ancre ou un gouvernail et je m'apprêtais à me rendre dans ces agences. Mais elles ont été très difficiles à trouver et, ayant réfléchi, je ne pensais pas que c'était la solution qui convenait. C'est beaucoup trop bureaucratique, ça prend trop de temps, et je n'aurais certainement pas été engagé juste pour une seule traversée.

Apres quatre jours de recherches épuisantes et pas mal de frustrations, je suis donc retourné à Vladivostok pour prendre le lendemain mon billet de bateau. Le trajet de retour en bus m'a coûté seulement 180 roubles pour 180 kilomètres, ce qui fait que ça ne valait vraiment pas la peine de faire du stop. Difficile de trouver moins cher pour 4,5 heures de transport !  

Je suis arrivé de nuit dans la ville de Vladivostok et voulais comme les jours précédents trouver un endroit où dormir sous tente. Mais la ville est juste énorme et la densité urbaine empêche de pouvoir camper. De plus, il s'est mis a pleuvoir abondamment et je suis allé m'abriter sous l'avant-toit d'une école. Deux jeunes gens des banlieues viennent également se mettre à l'abri et me questionnent en anglais. Au début, je suis plutôt sur mes gardes car ils s'intéressent pas mal à moi. Mais par la suite, je comprends leur intention. En effet, ces deux jeunes gens ayant compris que j'avais pour idée de passer la nuit dehors, m'avertissent que Vladivostok est extrêmement dangereuse la nuit, surtout pour un étranger solitaire. D'autant plus qu'il y a beaucoup de skinheads qui n'aiment pas particulièrement les étrangers. Ils font tout leur possible pour essayer de me sortir de cette situation. Mais pas moyen de séjourner chez eux car ils sont encore chez leurs parents, ils sont jeunes, et leurs amis n'ont pas encore leur propre appartement, impossible non plus de quitter la ville en bus car il n'y a plus de transport a cette heure... Bref, il y a de quoi flipper.  

Soudain, ils ont une idée. Ils m'emmènent avec eux dans une vieil immeuble et m'indiquent une cage d'escalier non éclairée et qui n'est pas empruntée par les habitants. Ils me disent que si je m'y installe et que je ne fais pas de bruit, je ne devrais pas être repéré. Je me blottis donc contre le béton froid et n'arrive pas à dormir. Dehors, il y a beaucoup de vent et la pluie tombe sans arrêt. J'entends chaque heures ma montre qui sonne, ou le bruit d'un papier poussé par le vent, ou le miaulement incessant d'un chat bloqué je ne sais où. Je suis assez effrayé de faire trop de bruit et d'être ainsi repéré, sachant que les Russes ne sont pas du tout compréhensifs pour ce genre de situation.

Au lever du soleil, je vais finalement acheter un billet de bateau, sachant que je n'ai pas d'autres possibilités.

pour écrire à Noé : noe.maeder@heidimail.com

Publié dans voyage de Noé

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D
Non, ce n'est pas un feuilleton, Noé est un personnage bien réel ! Si tu veux connaître toute l'histoire, tu peux regarder sous la rubrique "Voyage de Noé" : les autres épisodes s'y trouvent et j'explique dans le premier texte pourquoi je publie ces carnets de route sur mon blog. <br /> Noé Maeder est un ami neuchâtelois passionné depuis longtemps par le Japon et qui a décidé cette année de réaliser son rêve et de partir sac au dos pour tenter de rejoindre l'Archipel. <br /> Vous saurez lundi prochain s'il y parviendra...
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B
attends j ai pas bien compris : ce noé il existe vraiment ou c est un feuilleton que tu as inventé pour le blog ?<br /> s il existe en tout cas felicitations a lui pour son courage, ca a l air bien chaud la russie et il a eu beaucoup de chance de s en tirer avec les fafs !
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F
On entend partout que la présidentielle 2007 se jouera sur la toile ou ne sera pas<br />  <br /> <br /> Interessant ce blog, dans un esprit totalement différent, un site amusant : http://presidentielles-2007.new.fr<br />  <br /> <br /> Ce qu'ils appellent sur ce blog http://webnews.blogspirit.com/web/, la million dollar présidentiable<br />  <br />
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