ENTRE LA MER ET L’AUTOROUTE

Publié le par David L'Epée

Après plusieurs semaines de silence, j’ai reçu la suite du carnet de bord de notre ami Noé et de ses pérégrinations japonaises. Lesdites pérégrinations viennent de prendre fin et c’est depuis la Suisse qu’il nous écrit les derniers souvenirs de son voyage. Les « quelques lignes » finales qu’il nous adresse vont toutefois encore donner matière à quatre chapitres de ce carnet de bord que nous suivrons encore pendant un mois, toujours le lundi.

 

Aujourd’hui, le premier de ces quatre chapitres.

 

 

Mes chers amis, famille et connaissances de tous bords,


Je vous écris actuellement la dernière missive de mon voyage, composant de fait ces quelques lignes depuis Boudry en Suisse (NE). Vous pouvez donc voir a l'écran les caractères spéciaux composant la langue française, symboles jusqu'ici inaccessibles depuis un clavier japonais ou russe. Mon expédition a touché à sa fin et vous aurez le droit par la suite à des récits de voyage entre quatre yeux (ou plus) plutôt qu'à des e-mails virtuels. Je tiens à tous vous remercier pour le soutien et les divers e-mails que vous m'avez généreusement envoyés et qui n'ont pas manqué de me faire énormément plaisir à chaque fois, même si par moment je n'ai pas toujours eu l'opportunité d'y répondre directement. 

 

Vous aurez sans doute constaté que je vous ai laissés sans nouvelle depuis le début du mois de janvier de cette année et je vous prie de ne pas trop m'en tenir rigueur. C'est que je n'avais pas d'ordinateur durant cette partie du périple. C'est bien là le désavantage du voyage inorganisé, hors des sentiers battus des grandes agences de voyages. Certains diront que c'est plutôt un avantage. Voici donc un résumé de ce qui c'est produit pendant ces deux mois.


Après les fêtes de Noël et Nouvel An, le froid de l'hiver et les occupations quotidiennes reprennent leurs places et je continue à élaborer mon projet dans la ville de Shizuoka. J'ai là-bas un ami Neuchâtelois expatrié qui a environ le même âge que moi et nous sortons ensemble dans un restaurant Kaiten-sushi dont les sushi variés défilent sur des tapis roulant, à dispositions des désirs des clients. C'est l'occasion pour nous de partager nos conversations dans un langage plus accessible que le japonais. Il faut cependant dire qu'à force de pratiquer la langue en sol nippon, j'ai pu acquérir un relativement bon niveau oral. Pour ce qui est de l'écrit, c'est du chinois ! Ou du japonais encore brumeux et incompréhensible pour la plupart. Mais on va y remédier avec patience.


A force d'être enfermé dans la ville, on finit par vouloir prendre l'air. La pleine montagne se trouvant à 2,5 heure de voiture du centre-ville, c'est logiquement du côté de la mer que l'on se tourne. Seulement voilà, on est loin des agréables bords du lac de Neuchâtel avec parcs et chemins de promenade, ni des belles plages méditerranéennes. L'espace plat disponible en sol nippon étant énormément restreint (environ 73% de surfaces montagneuses abruptes), la ville, son agglomération et ses autoroutes s'étendent jusqu'aux derniers mètres du rivage. Dès lors, il faut se rendre –  justement avec l'autoroute longeant le rivage – dans la ville voisine de Shimizu (environ vingt minutes en voiture) où se trouve une belle petite plage de sable parsemée de pins. Là, on peut assister au spectacle de l'écume océanique venant caresser la rive sous les couleurs changeantes d'un vif coucher de soleil (ce n'est pas pour rien qu'on appelle ces îles Pays du Soleil Levant). Au retour, remontant pratiquement le flanc de la montagne se trouvent en bon nombre des plantations de fraises sous serre. La région est en effet connue pour ses fruits rouges qui, selon mon avis, sont plus sucrés qu'en Europe.


Entre autres petits boulots rémunérateurs, j'ai pu enseigner l'anglais à un groupe de jeunes Japonais entre trois et cinq ans dans une sorte de centre familial où l'on peut louer des salles pour toutes sortes d'activités. Le lieu fait étrangement penser aux bâtiments de l'Ecole Club Migros avec ses divers cours... La leçon durait cinquante minutes, temps durant lequel on chante, on danse, on lit des livres pour enfants, on apprend des fiches de vocabulaire très basiques ou l'on pratique toutes sortes d'activités comme imprimer à la peinture sa main ou son pied sur une feuille de papier. J'ai eu la chance pour cet emploi relativement facile d'être payé 4000 yens soit environ 50CHF, ce qui représente un cachet confortable au Japon, surtout pour 50 minutes pas trop pénibles. Il est vrai que devant les dépenses quotidiennes, cet apport ne faisait pas le poids mais c'était de l'argent de poche aisé.

Publié dans voyage de Noé

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