« ILS NE VEULENT PAS JOUER AVEC NOUS... »
Aux dires de certains,
Les choses changent, donc, et certains patrons étrangers semblent avoir de la peine à saisir la nouvelle donne, comme Claude Bébéar, le président du conseil de surveillance du puissant groupe d'assurances français AXA, qui a fait il y a deux semaines la déclaration suivante lors d’un voyage d’affaires au Japon :
« Je pense que
Les Chinois sont très nationalistes. Ils veulent que nous leur apportions des technologies, et après ça je ne suis pas sûr qu'ils veuillent continuer à faire des affaires avec nous. Ils veulent conquérir le monde, ils ne veulent pas jouer avec nous. »
Esprit colonial, quand tu nous tiens...
M. Bébébar, représentant typique du grand patronat français libéral, révèle ici à la fois sa bassesse, sa naïveté et sa profonde malhonnêteté. Sa bassesse parce qu’il attend d’être au Japon pour faire une telle déclaration, ce qu’il pense être sans doute une très bonne idée pour brosser ses partenaires du moment dans le sens du poil en rallumant leurs vieilles haines. Sa naïveté – qui n’est sans doute qu’une fausse naïveté – parce qu’il voudrait vraiment nous faire croire que la configuration coloniale des rapports commerciaux aurait pu durer indéfiniment et toujours au profit des Occidentaux. Sa malhonnêteté parce que c’est exactement ce qu’il aurait souhaité, et qu’il n’hésite pas à brandir le vieil épouvantail rapiécé du péril jaune pour justifier les relents esclavagistes de son discours.
Lorsqu’il appelle à la démocratie (mais qui ne le fait pas ? c’est le lieu commun le plus répandu aujourd’hui dans le discours politique), c’est l’étatisme qu’il attaque. Lorsqu’il fustige le nationalisme, c’est le protectionnisme qu’il vise. Lorsqu’il accuse
M. Bébébar et les autres se remettront assez vite de leurs émotions, je pense, et quand ils auront compris ce qui est train de se produire en Chine, ils délocaliseront tous en choeur vers l’Inde – « car là, il n’est pas trop tard, il y a encore du blé à faire ! »
Seulement, un jour aussi, les Indiens n’auront plus envie de « jouer avec vous »...