IL Y A UN AN : LE BARRAGE DES TROIS GORGES ET LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME

Publié le par David L'Epée

Voici encore un billet de notre série « Il y a un an » dans laquelle nous nous amusons à comparer ce qu’on pouvait dire de la Chine il y a un an et ce qui a pu (ne pas) changer dans ce laps de temps. Après être revenus, la dernière fois, sur le XIe Plan Quinquennal et ses projets de réformes environnementales, rappelons-nous quels ont été les grands événements relatifs à la Chine pour le mois de mai 2006. Il y en a au moins deux incontournables : la fin des travaux du Barrage des Trois Gorges et le scandale lié à l’entrée de la Chine au Conseil des Droits de l’Homme.

 

Souvenez-vous, en mai de l’an dernier le monde découvrait le plus grand barrage du monde, un projet pharaonique présenté à la fois comme une catastrophe écologique et une révolution écologique capable de fournir au pays d’énormes stocks d’électricité « propre ». Frédéric Koller, envoyé spécial du Temps en Chine, écrivait dans ce journal le 19 mai 2006 :

 

« Œuvre tour à tour rêvée par Sun Yat-sen, le père de la République , Mao Zedong, le bâtisseur de la République populaire, puis Deng Xiaoping, l’architecte des réformes, le barrage des Trois Gorges est d’abord un acte politique, un geste de légitimation du pouvoir. Sa réalisation est la démonstration de la capacité des dirigeants à intercéder entre l’homme et la nature afin d’assurer l’harmonie et la stabilité d’un empire, selon une tradition qui remonte aux origines de l’Etat centralisateur chinois. […]

 

Défiant l’imagination, le barrage des Trois Gorges est un extraordinaire condensé de symboles. Dicté de façon autoritaire, il s’inscrit dans la tradition des grands projets (Grande Muraille, Grand Canal) d’un Etat impérial fort. Utopique, il est l’héritier du maoïsme et de sa volonté de faire un saut dans le futur. »

 

On reparle ces derniers temps du Barrage des Trois Gorges, et plus spécialement des problèmes sociaux qu’il a occasionné (avec les déplacements massifs de populations) grâce au film Still Life de Jia Zhangke que je vous conseille d’aller voir s’il sort en Europe.

 

A peu près au même moment où on annonçait cette formidable « victoire sur la nature » (notion centrale dans la philosophie maoiste), on débattait fort à l’étranger pour savoir s’il était ou non décent de faire entrer la Chine dans le tout nouveau Conseil des Droits de l’Homme, compte tenu de ce que certains lui reprochaient en la matière, à commencer par les Etats-Unis et leurs diverses officines "humanitaires". J’avais demandé son avis sur la question à Rex Wang, représentant en Suisse de la Délégation économique et culturel de Taiwan, et il s’était empourpré aussi sec, m’affirmant tout net que c’était selon lui un scandale sans précédent.

 

Pourtant, en ce mois de mai 2006, d’autres voies commençaient à se fair entendre. Ainsi celle de Gu Xuewu, directeur de l’Institut d’études politiques de l’Asie de l’Est à l’Université de Bochum (Allemagne), qui écrivait, dans le Duowei Xinwen Wong, journal en langue chinoise paraissant à new York :

 

« Même si certains progrès ont été réalisés en matière de respect des droits de l’homme en Chine, les médias et les hommes politiques occidentaux ne s’en contentent toujours pas. On peut le comprendre, car les critères ne sont pas les mêmes. […] Les utiliser [les critères occidentaux] pour juger la situation en Chine et dans d’autres pays en voie de développement aboutit naturellement à des résultats très différents. Ne pas vouloir que des pays mal notés sur le plan du respect des droits de l’homme prennent part à l’action des Nations Unies dans ce domaine, c’est considérer le problème sous un angle idéologique.

 

Je pense que sur les 191 Etats membres que compte l’ONU, ceux qui ont un point de vue similaire à l’opinion de la Chine en matière de droits de l’homme doivent être majoritaires. Cela se vérifie avec ce vote, puisque la Chine a obtenu les suffrages de plus de 140 pays.

 

L’Occident prône une vision planétaire des droits de l’homme, tandis que les pays en voie de développement, parmi lesquels la Chine , préconise un certain relativisme qui consiste à juger les performances d’un pays en la matière en fonction des circonstances concrètes de chaque pays. Il semblerait que la grande majorité des Etats membres de l’ONU adhèrent à cette théorie du relativisme. Ce n’est donc pas un hasard si la Chine a été élue avec autant de voix ! »

 

 

 

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