PROMENADE DOMINICALE AU CENTRE DE PEKIN

Publié le par David L'Epée

Au programme ce dimanche : promenade dans le centre de Pékin en compagnie de Wang Jing, une nouvelle amie setchouanaise (le Setchouan est une province chinoise, où se trouve notamment la ville de Chengdu) qui s’est proposée de me faire découvrir la ville et de m’aider à pratiquer mon chinois. Elle étudie les sciences économiques et politiques dans une autre Université, et s’est spécialisée, si j’ai bien compris, dans l’étude de la pensée de Deng Xiaoping. Ce serait là un sujet à approfondir, mais je préfère le remettre à une prochaine fois, car mes connaissances en langue ne me permettent pas de mener le débat très loin…

Après un rendez-vous un peu différé devant le Monument du Peuple en fin de matinée (nous avions oublié de préciser de quel côté du monument nous nous étions donnés rendez-vous, ce qui fait que nous pouvions nous trouver à peu près n’importe où sur la place Tiananmen), nous flânons ça et là dans le centre de Pékin. Inutile de vous préciser qu’ici, le mot dimanche ne signifie pas grand-chose – outre sa traduction de xing qi tian – tous les commerces sont ouverts, les travailleurs se bousculent sur toute la largeur du trottoir, les chantiers sont en branle un peu partout (ils le seront d’ailleurs également toute la nuit), et la seule chose qui nous rappelle que nous sommes censés être dans un jour de repos, c’est que le mausolée de Mao (l’endroit où est exposé son corps) est fermé, pour éviter une affluence qui est déjà forte la semaine mais qui serait ingérable le dimanche.

Nous passons devant le bâtiment dans lequel siège et travaille le Comité central du Parti. Construit en style traditionnel chinois – ou néo-traditionnel, je ne sais pas exactement si c’est de l’authentique ou de la copie rétro – l’édifice n’a rien à voir avec ce à quoi je m’attendais, c’est-à-dire avec une architecture stalinienne comme c’est le cas de nombreux bâtiments officiels à Pékin. Assez discret, pas du tout flamboyant, le bâtiment n’est gardé sur la rue que par trois policiers (du moins trois policiers visibles) et on aperçoit par la porte entrouverte que ce bâtiment n’est que le premier d’une longue série qui se cache derrière, et qui explique mieux qu’on puisse loger là-dedans une administration si importante.

Un peu plus loin, le long de la même rue, nous nous trouvons devant la plus grande librairie de Pékin, un building énorme – je n’ai pas compté les étages – qui est censé pouvoir proposer tout ce qui se publie en Chine. Nous souhaitons ensuite entrer dans un gong yuan (parc public) entouré d’un long mur rouge. Nous suivons le mur pour trouver le portail mais le parc semble être énorme, et c’est seulement après une heure de marche et plusieurs virages que nous trouvons l’entrée principale ! Ce square est vraiment à dimension chinoise : plusieurs kilomètres de surface, un lac artificiel qui ressemble à s’y méprendre à un vrai, une colline au sommet de laquelle domine un palais de l’époque impérial (authentique celui-là), et partout de petites forêts, des bosquets, des chemins, des bancs, et beaucoup de verdure.

Nous nous arrêtons un moment au bord du lac pour profiter du paysage et du calme (voir photos). Comme je l’ai déjà remarqué plusieurs fois lorsque je me trouve seul avec une Chinoise, les hommes qui passent me jettent des regards noirs. Ils ont malheureusement d’assez bonnes raisons de ne pas être tolérants en ce moment sur les contacts que pourraient avoir les wai guo ren (étrangers) avec la gent féminine locale – mais je reviendrai sur cette question un autre jour, dans un sujet consacré spécialement à cette délicate question sociologique.

Jing me fait ensuite visiter une hu tong typique. Les hu tongs sont des vieux quartiers traditionnels pékinois, datant d’avant l’arrivée de l’urbanisme moderne d’inspiration occidentale. Certains sont très étroits, ne laissant passer que les piétons ; d’autres, comme celui que nous traversons, ont des routes goudronnées comme les rues modernes et sont plus spacieux. Situé au centre-ville, il fait partie des quartiers où le mètre carré se vend le plus cher, ce qui explique la présence de petits commerces (épiceries, boucheries, etc.) aux prix très élevés. Il faut dire qu’en dehors des hu tongs, il n’existe presque plus aucun lieu d’habitation au centre de Pékin ; on ne trouve plus que des offices d’Etat, des entreprises, des commerces et des lieux publics. Il est donc regrettable que la municipalité de Pékin ait tendance ces dernières années à détruire plusieurs de ces hu tongs pour les remplacer par de nouvelles constructions en vue de 2008 et des événements que l’on sait, car outre leur qualité de logement, ils ont une valeur historique importante.

Dans le quartier que nous traversons, je remarque un phénomène typiquement chinois : l’habitude de faire sécher son linge, sous-vêtements compris, à même la rue (voir photo). Jing regrette que cette ancienne pratique perdure ; elle trouve que cet étalage d’effets personnels est tout à fait impudique, et donne une mauvaise image des habitants aux visiteurs. Je reviendrai une autre fois sur cette obsession des Chinois de donner une « bonne image » aux « visiteurs »…

Nous nous quittons de retour au Monument du Peuple alors qu’avec le soir, une petite pluie commence à tomber (après plus de trois semaines d’absence !) et nous repartons chacun dans nos universités respectives ; mon amie doit en effet prendre garde à ne pas rentrer après le couvre-feu, en vigueur dans tous les internats chinois. Je réussis à me perdre sur le chemin du retour, ne parvenant pas à retrouver la ligne de bus que je recherche, et après une heure d’errance dans la nuit pluvieuse, je me résous à prendre un taxi. J’ai ensuite l’occasion de me sécher et d’oublier les embouteillages (qui ne m’ont tout de même coûté que 31 yuans – environ cinq francs suisses – ce qui est tout à fait correct) devant un bon plat de jiao zi aux herbes.

Publié dans mon quotidien

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